COMMENT J’AI DECOUVERT LE PARC NATIONAL VELEBIT

J’étais en route vers fin juillet 2017, parti de Zagreb pour Dubrovnik. Il m’y fallu 2h30 pour atteindre le croisement d’autoroutes Bosiljevo, ce qui se fait en temps normal en 1h00, à cause des bouchons touristiques – c’était dans l’ère BC (Before Corona) où les bouchons existaient. Dehors le soleil tapait avec plus de 30 degrés. Même avec la climatisation dans la voiture, j’étais déjà bien cuit.

Je descendais enfin vers le sud et entre dans les montagnes de la région Lika. La radio m’annonça alors qu’il y a un bouchon de 12 km. devant le tunnel Sveti Rok, qui marque la fin des plateaux et l’entrée dans la région littorale de la Dalmate. J’étais alors au niveau d’Otočac, ville que je savais proche du parc national Velebit.

Je pris la sortie presqu’instinctivement, comme appelé par la nature. J’avais envie de fraicheur, de sortir de ce four de métal à roues où j’étais enfermé dans la même position depuis des heures. Mon plan d’origine était de faire une promenade puis de continuer la route vers Dubrovnik quand les chaleurs seraient tombées et la route se serait dégagée.

Le parc est très bien indiqué dès la sortie de l’autoroute, donc mon plan semblait pouvoir se dérouler sans accros. Seulement la route diminuait de largeur au fur et à mesure que j’évoluais. Elle traversait néanmoins des petits villages coquets avec des maisons de montagnes. Ce n’était pas la Suisse avec ses paysages parfaits, mais l’authenticité, la simplicité qui en découle me faisait un contraste rafraichissant. Je passais des cols ouvrant sur de majestueuses vallées tandis que le massif Velebit se rapprochait… mais plus lentement que prévu. Je le pensais plus proche. Ou alors c’était la route en serpentins qui me donnait cette impression.

Arrivé à l’entrée du parc national Babić Šica, je payais le ticket et le garde me fit savoir que je devais encore rouler sur une route sans asphalte jusqu’au parking du point de départ. Quelle aventure, me voilà à faire du rallye en forêt. Quand je m’arrêtai, tout mon corps tremblait encore durant 5 minutes. Cependant la bouffée d’air pur me grisa d’emblée.

 

Je marchais le long du célèbre chemin de l’ingénieur forestier Premužić, la grande attraction du parc. Je passais d’abord par de jolies forêts. Les vues sur les étendues infinies de forêt invitaient à l’oubli. Je respirais à plein poumons. Mais quand j’entrai dans le contexte rocailleux, je fus tellement subjugué que je perdis le contrôle. Je ne pouvais plus m’arrêter de marcher sur ce chemin, tellement il était beau. Il passait entre des dolmens à la surface ciselée par les eaux. Autour de moi, des montagnes couvertes de forêts s’étendent à perte de vue. Le chemin même est une prouesse humaine, louvoyant entre les rochers. Les sommets de pierre nue captivaient mon regard, jouant avec la mer et les îles du golfe du Kvarner. J’étais en haute montagne et contemplait des paysages marins, fantastique ! Tout était tellement féérique que je ne pouvais pas cesser d’avancer pour découvrir encore un peu plus ce paysage sauvage. Je me sentais un avec la nature.

 

J’arrivai finalement à la cabane en bois Rossieva Koliba, e ntièrement aménagée pour un bivouac. Deux jeunes de la ville littorale de Senj s’apprêtaient à y dormir. Je discutais avec eux et ils m’offrirent un peu d’eau. Heureusement, car j’étais parti sans équipement et commençait à avoir vraiment soif.

A ce moment, mon plan tenait encore : je pensais prendre la route pour Dubrovnik de nuit. Les jeunes m’informaient cependant qu’il existait une ou deux pensions dans le village Krasno, au pied du Velebit, que j’avais traversé en venant. Je pourrais y manger voire y dormir. Un des jeunes me dit que leurs fromages sont excellents. Le mot résonna profondément dans mes oreilles et mon estomac. Je me rendis compte qu’en plus d’avoir soif, j’avais faim. Je m’étais complètement oublié, transporté par la beauté.

 

Je retournais sur ce chemin exceptionnel. J’avais fait plus de distance que je le pensais. La nuit était sur le point de tomber quand j’arrivai à la voiture. A nouveau, le passage en tout terrain jusqu’à la sortie, qui m’acheva. La fatigue m’assaillait. Tandis que je réfléchissais que je n’étais plus en état de faire encore 6 heures de route (en temps normal), une biche passa la route juste devant moi, me forçant à freiner brusquement. Le cœur battant, je décidai de rester au village si je trouvais un logement.

Dans le village, le premier restaurant rappela le temps de la Yougoslavie, mais qui a vieilli sans investissement. Ils pouvaient me nourrir mais pas me loger, en revanche un peu plus loin, il y a la pension Jure.

La famille qui m’accueillit à la pension Jure est charmante. Ils avaient un lit pour moi et pas de problème pour manger. C’est la grand-mère qui cuisine et elle a une spécialité : le steak haché au fromage du village. Quand celui-ci se posa sur la table devant moi : il prenait toute l’assiette. Les frites étaient sur un plat à côté. Comme le Velebit, il était grandiose. Je ne pouvais pas m’arrêter de le « déguster ». J’en recommandai un autre, entrant ainsi dans la légende de la maison. Depuis j’ai une double portion à chaque fois que j’y retourne.

Bien repu et abreuvé, j’y passais une des plus belles nuits depuis longtemps, bercé par un silence profond et une fraicheur réparatrice.

Depuis, je reviens régulièrement dans le massif Velebit pour me connecter à la nature sauvage, loin de tout. Chaque saison a un charme particulier. Depuis les montagnes couvertes de fleurs à partir de la fonte des neiges vers fin avril – début mai…

 

 

 

 

 

 

 

… jusqu’aux explosions de couleurs de la forêt en automne.

 

Roger

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